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 Ce qu'il advint cette fameuse nuit

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Penombre
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Penombre


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Date d'inscription : 03/11/2009

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MessageSujet: Ce qu'il advint cette fameuse nuit   Ce qu'il advint cette fameuse nuit I_icon_minitimeMer 13 Jan - 9:19

La chute.

Vertigineuse.

L’euphorie. Vertigineuse elle aussi. Le sentiment de triomphe, qui donnait l'impression de voler. Et c’était peut-être bien ce qui se produisait alors, comme en témoignait le vent dans les cheveux, les visages, si souvent méprisés, qui s’éloignaient et le sol encore loin sous les pieds. Tant d’années à œuvrer, d’abord dans l’ombre, puis de plus en plus souvent au grand jour, le goût acre de l’échec remplacé par celui plus suave, et en même temps plus piquant, de la victoire … Ce serait presque dommage que ça s’arrête là ! Alors, comme si cette prière muette, ce dernier souhait non formulé, avait été entendu quelque part, Igorof vit jaillir du néant une main fine et pâle, accompagnée d’une proposition pour le moins alléchante :

« - Saisis ma main si tu veux vivre. »

Décidée à prolonger un peu la fête, la part de ténèbres en Igorof tendit sa main, attrapa cette planche de salut, oh si providentielle ! et se sentit transporter … ailleurs.

Le paysage de la falaise céda progressivement la place à un intérieur chaleureux, une vaste pièce lambrissée, habillée de tapisseries richement brodées… Bref, une pièce intéressante, dénotant un certain savoir vivre. Tenant toujours la petite main dans la sienne, il laissa son regard courir sur le bras puis l’épaule, le cou, le visage de celle, une femme, il en était sûr, qui l’avait ainsi … repêché, une femme donc, enserrée dans une robe de chambre en soie comme un joli paquet cadeau ! Gloussant à nouveau à cette pensée si savoureuse, il ravala sa joie en reconnaissant le regard intense et le petit sourire moqueur d’Elianor. Sourire qui se mua en une moue appréciatrice quand elle vit l’état du visage de celui qu’elle venait d’arracher au vide, moitié écorché médical, moitié figure de foire. Se penchant légèrement pour mieux apprécier le travail, elle ponctua son analyse par un petit soupir et dit :

« - Eh bien, je vois qu’elles n’y sont pas allé de main morte cette fois… Peut-être commencent elles à comprendre comment ça marche par ici. »

Puis elle se rendit compte que le rescapé lorgnait avec insistance dans l’échancrure de sa robe ; elle se redressa donc, souhaitant rajuster sa tenue. Mais sa main toujours emprisonnée dans celle d’Igorof l’en empêcha. Elle lui lança un de ses célèbres regards intenses, qui n’eut d’autre effet que d’élargir encore le sourire macabre sur le visage écarlate, et d’allumer une flamme dans les prunelles étrangement claires, comme si elle venait de souffler sur les braises d’un foyer encore chaud, les ranimant bien malgré elle. Son instinct lui souffla alors qu’elle se trouvait dans une situation plus délicate qu’elle ne l’avait supposée de prime abord. Faisant appel à sa sapience ésotérique, elle ré activa mentalement quelques-unes des barrières qu’elle ne dressait habituellement qu’en dehors de chez elle, et fronça les sourcils, cherchant à identifier la créature qui se tenait devant elle, au-delà de la silhouette défigurée et vêtue de lambeaux, comme les reliquats d’une vie passée et abandonnée à la guerre.

« - Mais qu’avons-nous là ? »

Les mots de la jeune femme sortirent dans un souffle, l’interrogation et la curiosité se faisant plus fortes que le fait d’avouer la faiblesse, momentanée, de son ignorance. Elle vit alors Igorof se rapprocher et prendre sa main entre les deux siennes, puis la porter à sa bouche, et y déposer un baiser humide et vermeil, dont elle ne tint pas vraiment compte, fascinée et sans doute aussi un peu effrayée, par la créature nouvelle dont elle faisait la découverte, et qu’elle avait si souvent côtoyée sans même vraiment sans douter. Peut-être venait elle de faire entrer le loup dans la bergerie. Ce qui, par voie de conséquence, ferait d’elle une brebis… Cette pensée fut comme un souffle apaisant sur sa nuque, et elle en rit, tout autant pour le côté grotesque de la chose, que par besoin d’extérioriser sa tension.

La créature accueillit ce rire comme une invitation à aller de l’avant, et passa son bras gauche autour des épaules d’Elianor, gardant la main de la jeune femme dans la sienne, comme un rescapé qui ne veut pas se détacher tout de suite de la corde à laquelle il doit son retour à la vie. Puis il se mit à humer les cheveux qui lui caressait le visage, accentuant leur teinte d’or roux par le lavis carmin qui continuait à se répandre depuis les plaies de son front, sa bouche et son nez. Tout à sa manœuvre, son esprit prenait la mesure de celle qu’il commençait à bien connaitre, dispersant les vrilles de sa noire conscience autour d’elle, comme une armée qui prend position autour d’une forteresse, cherchant les meilleures voies d’accès pour lancer un assaut tout en essayant de subvertir une sentinelle isolée pour qu’elle lui ouvre la poterne… La sentant mollir doucement entre ses bras, il sentit que la victoire devait être proche.

Il desserra son étreinte, et tourna alors son visage en direction de celui de la sorcière, qui le regardait, une fois n’est pas coutume, sans mot dire. Enserrant le menton de celle-ci entre ses doigts puissants, l’être amena son visage à hauteur de celui d’Elianor, plongea son regard dans les prunelles ambrées et dit d’une voix étrangement sussurrante :

« - Sais-tu que parmi les tiens se trouve la possibilité d’acquérir le pouvoir et l’immortalité ? »

Se méprenant sur le sens profond de ces paroles, la jeune femme fronça les sourcils, attendant une suite qui ne vint pas. Esquissant une grimace, elle donna un petit coup de menton pour se défaire de l’étreinte de la créature, dont les manières cavalières commençait à l’enquiquiner prodigieusement. Ce qui agit alors comme le soufflet sur les braises, relançant et nourrissant son athanor spirituel, celui capable de transformer les émotions fortes en une puissante source d’énergie. La colère prit le pas sur l’appréhension, allumant des paillettes d’or dans ses yeux.

« - Si c’est tout ce que tu as à dire, créature, je pense qu’il est temps que je fasse démonstration de mes qualités d’hôtesse, afin de te faire savoir pourquoi je tenais ardemment à récupérer cette anguille. »

Joignant le geste à la parole, de sa main restée libre, elle claqua des doigts et une explosion de flammes propulsa le démon à l’autre bout de la pièce, brisant une petite table basse en bois précieux et salissant une merveilleuse tapisserie acquise lors d’un récent séjour en Pandarie. L’impact sur le mur, et le grognement du monstre qui l’accompagna, alarma le valet qui se tenait en faction derrière la porte.

« - Maitresse ? »

Le regard incandescent qu’elle lui lança suffit alors à lui faire comprendre qu’il serait plus sage de refermer la porte derrière lui en sortant et d’éloigner les gens de la maisonnée. Profitant de l’intermède, l’être se remit sur pied, et se ramassa, prêt à bondir sur celle qui lui faisait face. Son sourire s’élargit en un rictus propre à effrayer plus d’une âme forte quand il sentit le crépitement familier de l’énergie rassemblée par Elianor et qui la nimbait telle les ondes de chaleur au-dessus d’un brasier.

« - Tu devrais faire attention, si tu me blesses davantage, tu risques d’endommager définitivement cette enveloppe charnelle et…

- Si tu penses que ceci est de nature à m’arrêter, c’est qu’Igorof a joué les petits cachotiers avec toi également
… »

Une nouvelle déferlante de flammes et d’énergie magique vint le percuter de plein fouet, le renvoyant dessiner un nouveau bas-relief dans le mur déjà fort mal en point. Elianor fit deux pas en direction de la silhouette qui se remettait difficilement debout. Le rictus sur le visage d’Igorof était un peu moins large, surement à cause du sang qui maculait ses lèvres, sa joue et une partie de sa tempe droite, poissant maintenant les cheveux en une lourde mèche sur le front. Le toisant avec froideur malgré les flammes dans son regard, elle s’agenouilla devant la créature vulnérable et lui prit doucement la tête entre les mains, dans une parodie d’étreinte amoureuse. La créature esquissa un sourire édenté devant l’ironie de ce renversement de situation, avant de sentir un afflux de douleur au niveau des tempes de son hôte. Son cri se mua rapidement en un hurlement puissant, l’empêchant même de tenter de se libérer de ce carcan.

« - Maintenant, créature, tu vas me dire qui tu es ou ce que tu es, et pour qui tu travailles. »

Accentuant l’intensité de son sortilège, la sorcière était bien décidée à faire plier cette être avant que le contraire ne se produise. Elle mit tant de cœur à l’ouvrage que sa réussite la prit au dépourvu. L’entité qui habitait le corps d’Igorof avait en effet compris qu’il ne lui restait qu’une échappatoire ; Dans une ultime explosion de lumière, elle se libéra, telle la main qui quitte le gant, glissant de l’étau de douleur pour retourner vers les nombreux royaumes du Néant Distordu, afin de lécher ses plaies, et attendre que le sort qui la liait à ce monde ne fasse de nouveau sentir son appel.

Cette délivrance submergea complètement la sorcière, qui ne dut son salut qu’aux protections dont elle s’était entourée. Ce qui ne l’empêcha pas de sombrer dans l’inconscience devant cet afflux d’énergie incontrôlé. Et cela ne fut pas néfaste pour tout le monde. Emergeant d’un long « sommeil », Igorof prit conscience qu’il habitait à nouveau son corps, sans personne d’autre que sa propre volonté pour dicter sa conduite. Prenant appui sur un bras encore faible, mais qui avait le bon gout de répondre à ses attentes, le démoniste se redressa et fit le point de sa situation. Sa vision était embrumée et il n’aurait su dire si c’était le résultat du choc, ou de l’épaisse croûte de sang qui recouvrait en partie ses yeux. Frottant ceux-ci pour voir si cela améliorait les choses, il tomba sur le corps inanimé d’Elianor. Un sourire monta à ses lèvres, qui fut aussitôt tempéré par la sensation cuisante qui irradiait de toute cette partie de son visage. Portant la main à ses lèvres, il contempla la bouillie rouge qui maculait ses doigts. Jurant entre ses dents, il constata que plusieurs d’entre elles manquaient également à l’appel. Un cri de rage monta le long de sa gorge abîmée, et se répercuta sur les panneaux de bois couvrant les murs, heurtant ses oreilles endolories.

Décidé à faire payer quelqu’un pour son état, il jeta son dévolu sur celle qu’il avait sous les yeux. S’installant sur elle à califourchon, il la saisit par le col de sa robe, dont la qualité le surprit un instant. Ces plis, ces motifs, ces dorures … il tenait dans ses mains saccagées une robe quel’dorei. Peut-être même une robe ayant appartenu à la reine Azshara, qui sait ? Il se souvint alors du motif de la première rencontre avec celle qu’il avait désormais à sa merci. Une prétendue robe magique ! Et voici qu’il la tenait … qu’il les tenait toutes les deux entre ses mains. Il se mit à rire, malgré la douleur effroyable que cela lui causait. La douceur de la vengeance agissait comme un baume capable d’éteindre les plus cruels des feux qui l’embrasaient alors. Secoué par un dernier spasme, il reposa les yeux sur la sorcière et l’attira à lui. Celle-ci ouvrit alors les yeux, encore sonnée par le choc et mit un petit instant à reconnaitre celui qui la malmenait ainsi. Ecarquillant les yeux, elle s’apprêtait à dire quelque chose, mais Igorof ne lui en laissa pas le temps. D’un revers de la main sur la pommette, il la renvoya au pays des songes. Un deuxième était en préparation et aurait atterri sur l’autre pommette pour une symétrie parfaite, si une poigne ferme ne l’avait pas retenu à cet instant précis.

« - J’sssappellllleeeegrrrroooouuutttt ! »

Ce fabuleux borborygme échappa aux entrailles éthérées de la chose bleue qui venait de se matérialiser aux côtés d’Igorof, ou plus particulièrement autour de sa main. Sans effort, le démon souleva l’être qui se tenait au-dessus de sa maitresse et le déposa … un peu rudement certes, devant une des fenêtres donnant sur le jardin en contrebas. Frottant son poignet endolori, le démoniste commença à maugréer, puis entreprit de réciter la petite litanie commune aux gens de sa profession pour écarter le démon qui s’interposait entre lui et sa proie. Mais un miroitement sur sa gauche attira son attention, suivi par le ricanement grinçant d’un diablotin se matérialisant à travers le rideau du Néant Distordu. Faisant face à cette nouvelle menace, il ne put qu’entendre le gémissement à la fois sensuel et mortel de la succube, apparue au même moment, et qui fit claquer son fouet à ses oreilles. Tachant de garder tout ce petit monde dans sa ligne de mire, Igorof boitilla jusqu’à la fenêtre, qu’il ouvrit sans ménagement, et grimpant sur le rebord, il mima une petite révérence.

« - Bon, bon, on ne va pas tenter Sargeras plus que ça hein ? vous gagnez pour cette fois, mais dites à cette mégère qui vous sert de maitresse qu’elle n’a pas fini d’entendre parler de moi, et les autres non plus d’ailleurs ! Ha ha ha ! »

Puis il se jeta en arrière, dégringolant comme s’il reprenait là où il avait été interrompu quelques minutes avant. Mais sa chute fut brève, et il se réceptionna dans les épais buissons ornementaux qui jalonnaient les bords de la vaste demeure. Il se remit sur pied et clopina jusqu’à la porte du domaine restée ouverte, adressant un clin d’œil à la chance qui semblait lui sourire encore et toujours.

Hélas, comme on dit, le ciel n’était pas au rendez-vous.

Peut-être avait-il mieux à faire ce jour-là, ou la dette du sieur Igorof était-elle trop lourde, ou bien encore le « démon » qui l’avait si intimement côtoyé, et fréquenté, avait-il contracté une sorte d’assurance vie garantissant un service après-vente infernal à son ancien logeur… Nous ne le saurons jamais. Toujours est-il que le petit coup de pouce du destin qui aurait permis à l’anguille de s’en tirer une nouvelle fois fut bien donner, non au principal intéressé mais à une autre âme en peine qui allait bientôt croiser sa route.

Portant la main à sa pommette endolorie, Elianor regarda Igorof quitter son domaine par la porte d’entrée restée sciemment ouverte. Un craquement du plancher derrière elle lui rappela qu’elle avait une invitée impatiente. Une quel’dorei à l’âge indéfinissable, au regard bleu perçant trahissant un passage dans les rangs des troupes d’élite du Roi Liche, et qui esquissa un petit rictus en regardant son hôtesse.

« - Je vous avais dit de ne pas trop le torturer. Mort, il ne me servira à rien.

- L’organisation vous dédommagera s’il n’a pas supporté le traitement.

- Hmm … En tout cas, il ne vous a pas raté, vous allez avoir un bel hématome.

- Un souvenir éphémère. Il est à vous, chasseur de primes
. »

Et ainsi fut fait. Le filet se referma lentement mais surement, ses mailles composées de professionnels aguerris menés par une chasseuse déterminée attrapèrent le fugitif au moment où il pensait embarquer sur un navire faisant la navette avec Baie du Butin. Enfermé et jeté à fond de cale, en bonne compagnie, il ne vit pas le navire mettre le cap vers le nord et les terres des elfes de sang.

Ce qu’il advint de lui une fois arrivé, l’histoire ne le dit pas.

Pas celle-là, en tout cas.
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